Visitez l’atelier de verre soufflé de luxe AKAM-Verrerie de Carthage. A 40 km de Tunis, vous découvrirez un savoir-faire séculaire au service du design contemporain.
C’est à Soliman, entre Tunis et Hammamet, que Khaled Azaïez a allumé son premier four en 2013. Baptisé Didon en l’honneur de la première reine de Carthage, ce four, depuis, ne s’est jamais éteint ; il continue de fonctionner 24 heures sur 24 et 365 jours par an. De ses entrailles incandescentes sortent des pièces en verre soufflé d’un raffinement inouï, aux lignes épurées : vases, carafes, coupes…Un savoir-faire qui remonte à loin. Les Carthaginois maîtrisaient l’art de la pâte de verre, et les Tunisiens de l’époque romaine pratiquaient le verre soufflé. Durant le haut Moyen Age, les ateliers de Kairouan et Mahdia produisaient des carafes, coupes et flacons qu’on peut admirer aujourd’hui au musée du Bardo. C’est à cette très vieille histoire que se rattachent les artisans qui, depuis quarante ans, font revivre en Tunisie l’art du verre soufflé.
Si vous voyagez entre Tunis et le Cap Bon, ne manquez de visiter l’atelier de la Verrerie de Carthage : ses portes sont ouvertes gratuitement aux visiteurs. Passez aussi par la boutique : vous serez étonnés de la qualité des pièces et de leurs prix, finalement très abordables.
Et si c’est un vendredi, vous pourrez même partager le couscous qui est préparé chaque semaine pour le personnel : « Tous ceux qui passent chez nous ce jour-là déjeunent avec nous », annonce Khaled Azaïez.
La Verrerie de Carthage réalise toutes sortes de produits des arts de la table, mais aussi des pièces uniques : poissons, pingouins, fleurs dans le style de Murano. Elle réalise même, depuis cette année, des boules de Noël en verre soufflé.
Ses productions sont très appréciées de certaines ambassades comme celle des Etats-Unis : « Ils adorent ce genre d’articles, surtout ceux en verre bleu », explique Khaled Azaïez.
Visitez l’atelier pour voir les artisans-verriers cueillir le verre manuellement avec leur canne de soufflage, puis lui donner un premier souffle d’air avant d’appliquer les frittes et oxydes colorants. L’atelier pratique ce qu’on appelle la coloration emprisonnée entre deux couches de verre : après les oxydes colorants, la pièce reçoit une deuxième couche de verre avant d’être soufflée et mise en forme.
La suite se passe dans l’autre partie de l’atelier, côté finitions. C’est là que le maître-verrier et son assistant retirent la partie supérieure de la pièce et lui donnent son aspect définitif. Toutes ces opérations sont effectuées manuellement, et le verre doit être régulièrement chauffé afin d’être maintenu à une température constante pendant tout le travail de la pièce. Celle-ci passe ensuite à la table de finition pour être estampée à chaud.
Il faudra encore 24 heures dans un four de recuisson avant que les pièces rejoignent la boutique de la verrerie ou soient expédiées à leurs acheteurs, parfois à l’étranger.
Une fabrication 100% tunisienne avec des artisans tunisiens formés sur place. L’atelier souhaiterait aujourd’hui recruter des femmes. « Cet été, nous avons eu des jeunes filles stagiaires de l’école des Beaux-Arts, et cela a complètement changé l’ambiance de l’atelier, raconte Khaled Azaïez. Ceux qui avaient du mal à respecter les horaires venaient en avance, ceux qui se négligeaient avaient des tenues de travail impeccables. Et il y avait une vraie émulation entre les souffleurs pour transmettre leur savoir-faire ! Certaines jeunes filles ont réussi à souffler le verre dès la deuxième semaine. »
Des femmes qui soufflent le verre, c’est déjà quasiment une tradition en Tunisie : c'est en effet une femme, Sadika Keskès, qui avait relancé l’artisanat du verre soufflé dans le pays dans les années 1980.
Retrouvez la Verrerie de Carthage.